jeudi 22 mars 2018

Le 22 mars 1968

Il y a 50 ans, comment l'aurais-je su ? J'étais Place de la Sorbonne à Paris, travail dans la librairie des Presses Universitaires de France. Mai 68 vécu de manière curieuse : Cohn bendit lançant un pavé sur un car de flics, Geismar, Sauvageot haranguant les foules sur la Place. Des pavés qui volaient, des flics qui poursuivaient les gens (j'en ai fait partie) jusque dans les couloirs d'immeubles, une matraque à la main. Les transports en commun paralysés, l'hébétude partout : comment les choses allaient évoluer ? Plus tard dans le mois, la Rue Soufflot en proie aux flammes des voitures calcinées, les grilles des arbres arrachées et mis en travers du Boulmich, quelques pavés déchaussés et servant de barricades. Du haut de mes 18 ans, je ne voyais pas trop l'enjeu de ce débordement, pourtant au cœur du Quartier Latin ! Panique du pouvoir, de Gaulle partant pour Baden Baden à la rencontre de Massu, on pensait qu'il allait revenir avec des chars, tant la situation n'était plus sous contrôle. Tous les jours apportaient un lot de nouveautés : je me souviens avoir eu la visite, dans la librairie, d'Alain Bombard qui venait soutenir les grévistes que nous étions. Grille du magasin fermée, craignant les "casses" des "jeunes, étudiants, moins jeunes" qui se relayaient sur le Boulevard. Au bout d'une semaine, le chaos était installé pour un moment : les ordures amoncelées, les rues impraticables (voitures incendiées, pavés déchaussés, grilles d'arbre en travers, quelques arbres abattus...)les charges des uns et des autres comme si une guerre était déclarée sur Paris.Souvenirs épars mais encore très présents à mon esprit aujourd'hui 22 mars 2018 !

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