dimanche 6 décembre 2020

Disparition d'une femme d'exception

Le 30 novembre 2020, elle est partie rejoindre quelques plumes qui volent au vent :Clémence est partie en vacances. Le mari de Maryvonne était mon amant... Tellement d'autres chansons au goût de poésie certaine. Une grande Dame qui pouvait enchanter les petits et surtout les grands. Une parolière qui surpasse les bafouilleurs d'aujourd'hui. Point de nostalgie dans ces propos mais des regrets.. elle a disparu trop tôt.

vendredi 17 avril 2020

Chronique "Passeurs de mots en temps de confinement"

Chronique « Passeur de mots » - Avril 2020 Il était autrefois, un jour. Les jours allongent leur langueur Le froid s’échappe Brume, vapeur, brouillard Tout résiste, du bois au marais Le soleil visite déjà les demains Le bourgeon n’ose pointer un bout Qui tantôt peut être dévoré Par quelques visiteurs effrontés Le rayon se mêle au vent coulis Le froid n’en fait encore qu’une bouchée Et déjà d’autres rayons arrivent Parfaire une besogne minuscule. La saison hésite, pourtant couve La cane, chante la mésange. Farouche mais tenace Les jours allongent leur grandeur. Cette mésange, cette sittelle, ce gros-bec, cette tourterelle... Ces oiseaux n'osaient venir près de chez moi jusqu'à présent. Effrayés sans doute par le va et vient des habitants de la maison. Aujourd'hui le va et vient a disparu, les oiseaux retrouvent leur place. Est-ce à dire que les gens ne sont pas opportuns dans la nature ? Nous savons depuis trop longtemps qu'il y a un décalage flagrant entre l'expansion humaine et son cortège nuisible et cette nature qui d'un seul coup se retrouve apaisée, vivante, présente, qui veut survivre presque à tous prix. Nous sommes déjà trop culpabiliser pour ne pas ajouter à la morosité ambiante. Des injonctions de comportements, nous en recevons tous les jours. Nous les appliquons souvent. La planète est en voie de destruction, je fais ce que je peux mais je n'ai pas toutes les clefs en main. Je ne décide pas de consommer toujours plus, je ne décide pas de commander des tomates à l'autre bout du monde, je ne décide pas de faire travailler des gens mal payés pour me vêtir, je ne décide pas de changer de téléphone ou de voiture tous les ans, je ne décide pas de fabriquer et vendre des armes pour tuer. Dans quelle humanité ai-je atterri ? Aujourd'hui je suis obligé de me méfier de l'autre, demain qui va m'assurer que l'autre n'est pas porteur d'un truc épouvantable. Le lien que je pouvais entretenir, au nom de cette humanité, on est en train, dans ce pays de m'en priver. Je jure sur l'honneur (c'est quoi l'honneur, au fait) que je vais chercher mon pain !!! Au moyen-âge, il y avait des octrois aux portes des villes, aujourd'hui il y a des drones sur nos têtes pour nous surveiller. Prison à ciel ouvert. Dans quelle humanité je suis en train d'évoluer. C'est pour notre bien, c'est pour vous protéger, c'est pour etc. Je n'y crois plus, je n'y crois pas. Je reprends volontiers à mon compte les propos de la sociologue Monique Pinçon-Charlot : le capitalisme et ses prêtres sont responsables de ce qui nous arrive. J'ouvre les yeux, je vois cette chenille qui grignote une fleur de mon jardin, je vois le troupeau de fourmis qui vaque à cette vie parallèle, je vois l'hirondelle porteuse du Sahara qui, étourdit de silence vient encore occuper le nid laissé l'an passé. La vie reprend ? Non, elle est toujours là mais on ne la voyait pas trop, occupés que nous sommes par des courses en avant permanentes. Je vais maintenant, apprécier avec délectation ce prélude de Chopin (celui composé à Valldemosa, en pays Majorquin), je vais goûter la poésie de Barbara, je vais m'enivrer des paroles de Maître Gims et je vais continuer à prendre la plume pour coucher sur la feuille les méditations que m'inspirent la réclusion contrainte. Un conseil ? En ai-je le pouvoir ? Prenez un cahier tout neuf, un stylo plume rempli de la meilleure encre. Quand vous pourrez être tranquille, installez-vous devant la plus grande fenêtre de votre maison et laissez courir sur les pages de votre cahier la main qui tient le stylo. L'écriture est un vrai miracle. C'est pour vous, pour vous seul. Point de publication en vue. La méditation silencieuse va opérer des merveilles, vous verrez se dessiner sur ces pages, tantôt encore blanches, des signes de rédemption évidents. Romain Gary en 1968 disait : "Il n'est pas douteux que votre disparition signifiera le commencement d'un monde entièrement fait pour l'homme. Mais laissez-moi vous dire ceci, mon vieil ami, dans un monde entièrement fait pour l'homme, il se pourrait bien qu'il n'y ait pas non plus place pour l'homme. C'est ainsi, monsieur et cher éléphant, que nous nous trouvons, vous et moi, sur le même bateau, poussés vers l'oubli par le même vent puissant du rationalisme absolu. Dans une société vraiment matérialiste et réaliste, poètes, écrivains, artistes, rêveurs et éléphants ne sont plus que des gêneurs." Pour finir, je vous offre ces quelques lignes sorties de mon cahier : Amer est l’isolement Douce est la solitude Foule de solitaires Isolés de l’intérieur Rongé de mélancolie Vie es-tu échappement Ou alors infinitude Marche vers d’autres terres Où l’oubli peut-être bonheur Et bonheur peut devenir vie.