jeudi 10 mars 2016

A propos du livre de Catherine Poulain : Le grand marin

Elle, Lili, veut partir. Elle veut quitter Manosque les plateaux. Il ne s'y passe rien. Elle veut vire une vie, sa vie, au bout de la terre (the last frontier). Buvez, riez, défoncez-vous je pars en Alaska. Et voilà ce bout de femme qui va se frotter, se confronter à un monde d'hommes à l'état brut. Quand on pêche, on n'a pas le temps de rire. Le skipper hurle les ordres, en plein jour, en pleine nuit, sous le vent glacé du nord, sous les paquets de mer qui vous gèlent le corps entier, mais il faut continuer à tirer les palangres, à tirer les hameçons, à tirer les lignes. Il faut dormir parfois, il ne faut jamais se plaindre. Qui est Lili ? L'auteur bien sûr. Un premier roman qui est un récit à la Melville. On est emporté, subjugué. Une maîtrise de la langue avec des figures de style remarquables. Le lecteur est pêcheur, il boit des bières, du whisky, des cocktails louches...Et puis la rencontre. On s'est croisés pendant plusieurs semaines sur le même bateau. Il gueule mais quel courage, il est grand, il est fou, il est amoureux...alors Lili va à cette rencontre. Deux êtres qui veulent toujours plus. Ils sont dans l'excès, mais peu importe. Ce qui compte c'est de vivre sa vie, de la fabriquer pas de la subir. Catherine Poulain est revenue, pour un temps ? revivre à Manosque les plateaux. Elle voudra retrouver sa conserverie en Islande, ses chantiers navals aux U.S.A mais surtout sa pêche. En Alaska, à Point Barrow ? "J'ai pensé l'attendre sur le quai. Je me suis assise sur l'embarcadère. C'était long. Alors j'ai marché, j'ai rejoint la falaise. J'ai marché contre le vent en espérant qu'il m'emporte. J'arrivais au bout du chemin, il fallait choisir à présent. Ami lecteur, fais ce choix : laisse-toi prendre par cette aventure d'aujourd'hui. L'écriture comblera largement tes rêves.